Une étude révèle que le matériel médical utilisé pour la mère et l'enfant peut contenir du bisphénol et des phtalates. L'étau se resserre autour des phtalates et du bisphénol A (BPA), deux perturbateurs endocriniens fortement soupçonnés d'augmenter les malformations génitales, les risques de stérilité ainsi que certains cancers.
Dans une étude publiée le 28 juin, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire ( BEH ), une équipe de chercheurs de l'InVS (Institut de veille sanitaire) et de l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques) soulève l'hypothèse d'une contamination des femmes enceintes et des bébés par le matériel médical en cas d'hospitalisation. «Notamment lors de longs séjours hospitaliers : grossesses pathologiques, soins intensifs dans les unités de néonatalogie», précise l'étude.
Ce lien est apparu à la faveur d'une étude pilote menée dans la région Rhône-Alpes et en Seine-Saint-Denis auprès de 279 femmes pour la mise en œuvre de la cohorte Elfe (étude longitudinale française depuis l'enfance). Objectif : mesurer les conséquences d'une exposition à toutes sortes de substances chimiques de quelque 20 000 enfants nés en 2011 jusqu'à leurs 18 ans. L'un des buts de ce pilote «était de décrire les niveaux d'imprégnation des mères aux substances les plus émergentes comme les phtalates ou le bisphénol A pour aider à la hiérarchisation des biomarqueurs dans le plan national», peut-on lire dans le BEH.
Des échantillons d'urine ont donc été collectés chez les 279 mères en salle de naissance. Les premières interrogations sont apparues lorsque les analyses ont montré que «les teneurs urinaires en bisphénol A et en phtalates étaient supérieures pour les accouchements par césarienne ou forceps aux teneurs retrouvées pour les accouchements naturels».
«Au vu des résultats, l'hypothèse d'une contamination via les poches urinaires chez les femmes césarisées a été posée», poursuit l'étude. Des analyses supplémentaires ont été réalisées sur les sondes urinaires, confirmant à leur tour la possibilité de relargage de BPA.
Deux conclusions sont avancées. La première est la nécessité de faire des prélèvements urinaires chez les femmes enceintes avant que ne soient effectuées les césariennes lorsque l'on veut mesurer leur taux de bisphénol A ou de phtalates. La deuxième est donc l'idée que les bébés dans le ventre de leur mère ou lorsqu'ils sont hospitalisés à la naissance, entre autres pour les prématurés, risquent d'être plus exposés aux perturbateurs endocriniens lors notamment de la pose de cathéters.
L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) doit publier prochainement une étude complète sur le bisphénol A.
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