Bientôt une semaine que le Comité International Olympique (CIO) a rendu son verdict : les Jeux Olympiques d’hiver de 2018 auront lieu à Pyeongchang (Corée du Sud) ; félicitation à eux. Exit donc Charles Beigbeder et son équipe, qui ne s’attendaient sans doute pas à ce que la candidature d’Annecy (Haute-Savoie) n’obtienne que sept suffrages sur quatre-vingt-quinze. Une claque que la ministre des Sports Chantal Jouanno a reconnu avoir « du mal à encaisser ».
Néanmoins si il y a des déçus, il y a aussi des heureux : les associations de protection de la nature et les élus régionaux écologistes. Enfin ils peuvent respirer dans la mesure où le dossier haut-savoyard jetait à leurs yeux les bases d’un désastre environnemental.
« Nous sommes soulagés de cette décision car si les Jeux avaient eu lieu à Annecy, ils se seraient traduits par une catastrophe écologique et auraient aggravé le bétonnage de la montagne », a résumé Claude Comet, conseillère régionale Rhône-Alpes pour le Tourisme et la Montagne. Le CIO impose deux logements par athlète, un en plaine et l’autre en station, ce qui aurait impliqué la construction de nouveaux hôtels, sans parler des nouvelles infrastructures sportives qu’il aurait fallu construire. Les élus se sont aussi félicités dans un communiqué qu’un « point final » ait été donné « à un projet qui aurait fortement aggravé la ponction en eau par les canons à neige, qui avalent déjà 20 millions de m3 chaque année en France ». Rappelons à cet égard que le Comité exige de la neige artificielle quel que soit l’enneigement naturel, ce qui explique pourquoi la Ville de Turin (Italie) a lors des JO d’hiver de 2006 consommé en quinze jours autant d’eau que 600 000 habitants en un an . A ces inquiétudes s’ajoutaient celles liées à l’impact environnemental de tous les déplacements en voiture, en train et en avion.
Le Premier ministre François Fillon et Mme Jouanno avaient pourtant répété que les JO à Annecy seraient « les plus écologiques possibles ». Au micro de France Inter, l’ex-secrétaire d’Etat à l’Ecologie avait également insisté sur le fait que le site était « très rassemblé, avec au maximum vingt minutes de transport pour les athlètes entre leur lieu d’hébergement et les sites de compétition, 100 % énergies renouvelables, 100 % compensé ». Du vent aux yeux des ONG !
Selon l’enquête d’opinion réalisée par le Comité, seuls 51% des riverains étaient favorables aux JO et 32% s’y opposaient formellement. Des résultats peu flatteurs en comparaison du plébiscite sud-coréen, 92% de la population ayant soutenu le projet de Pyeongchang. Finalement, ni le Comité ni la population n’ont donc été convaincus. Peut-être un mal pour un bien au regard de ce qui se passe à Turin où, cinq ans après les Jeux, les installations sportives qui avaient nécessité le déboisement de la moitié d’une montagne sont en voie de dépérissement.
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