Voyager. Cela ne signifie pas seulement: Vacance. Le Voyage peut avoir lieu dans de nombreux cas, et son schéma reste le même. Cette envie de nomadisme se cultive; et quand on y goûte une fois, on en redemande.
Le désir, l'envie existe avant même d'avoir pensé faire ce voyage. Nous sommes alors rappelés par notre histoire de nomade, comme si notre ADN nous poussait à quitter notre état sédentaire.
- Naissance d’une échappatoire -
Aujourd'hui, l'homme aspire à des biens matériels: l'emploi, la famille, le logement. Mais très vite, on peut s'entendre dire : "
Métro, boulot, dodo"; une phrase qui parle d'elle même de cette routine dans laquelle on se trouve. Les simples trajets de travail sont un voyage à condition que le chemin, que l'on prend, soit une découverte. Mais en y regardant de plus prêt, nous désirons découvrir et apprendre. Alors comment apprendre d'une routine que l'on connait si bien.
Ainsi, on se prend au jeu: on sort une carte, on fait tourner un globe et l'on pose le doigt dessus. Puis excitation nait; où a-t-on posé notre doigt ? Sur la forêt amazonienne, les îles marquises, le nord canadien ... L'esprit s'imagine et le désir apparait. De nos jours, le désir de voyage est exacerbé et accroit très vite si l'on persiste: les descriptions dans les livres touristiques, les photos dans les magazines, les vidéos sur la toile. Plus on cherche, se renseigne, plus on désire, imagine; Et vient le jour où l'on se décide. Certains, rongés par la routine, commence à prévoir, à faire un planning de ce qu’ils feront; d'autres se sentent d'une âme aventurière et sont prêt à improviser. Quoi qu'il en soit l'excitation nous plonge dans l'imaginaire de ce que l'on va voir.
- Le chemin choisi -
Voilà plusieurs jours que notre choix est fait ! Et arrive la grande question qui définit le nomade que l'on est: par quels moyens vais-je aller là-bas ? Le dépaysement du train, les ciels majestueux en avion, le calme houleux du bateau, ... il existe tant de moyens, de chemins pour aller là où notre envie nous porte. Par conséquent on cherche et l'on choisit le transport qui nous plait et interpelle par le chemin, qu'il nous fait prendre.
Néanmoins les premières peurs, craintes apparaissent. Vais-je au bon endroit ? N'y a-t-il pas de risques ? Et tant d'autres questions parfois bien futiles: que vais-je mettre ? Quel temps fera-t-il ? Le contrôle que nous avons de notre vie sédentaire, amène toutes ces questions, car être nomade, c'est dépendre de ce qui arrive. Les sédentaires que nous sommes ne seront jamais de vrai nomade, avec ses contraintes. En effet, les nomades
n'ont pas d'adresse, pas de point de retour; ils sont ce que leurs voyages font d'eux, alors que nous sommes ce que notre quotidien fait nous. Mais après tout, voyager, c'est en quelque sorte vouloir changer par rapport à ce que l'on est dans notre quotidien. Et faire le choix de la destination et de son chemin, n'est-ce pas déjà changer un peu son quotidien ?
- Le Départ -
Enfin, le voici ! Le jour-J ! Lorsque l'on ferme notre maison, que l'on s'absente pour bien plus loin que ce que l'on connait. Les questions n'ont jamais été aussi présentes et lourdes car sans réponses. Mais on embarque, courageux ! On confie le soin aux transports de nous mener en des lieux rêvés.
Puis, la magie opère et l'excitation nous submerge.
On y est ! Dans un transport en commun, les autres passagers nous mettent l'ambiance; alors on observe: qui va où ? Qui vient d'où ? Qui suis-je parmi eux ?
Que l'on parte seul ou à plusieurs, nous sommes très vite confrontés à nous-mêmes et ce que nous sommes. Alors on passe le voyage à lire, relire, regarder et encore tout ce que l'on a imaginé à l'aide des livres, magazines ... On passe le temps et on se projette encore plus dans ces décors qui nous attendent et on s'imagine des rencontres. Le départ est le signe de notre état de nomadisme.
- Visiteurs, Touristes, ou véritables Nomades -
A dire vrai, les sédentaires, que nous sommes, est les trois à la fois.
Visiteurs car on s'intéresse, découvre, apprend. Être visiteur est un état d'humilité sur ce que l'on voit.
Touristes car on immortalise les instants par la photo, la vidéo; conscient que l'on reviendra très vite à notre quotidien. La position de touriste est hélas un état de jugement de ce qui mérite d'être retenu ou pas.
Nomades car là où l'on est, on est personne; juste un passage, un nuage dans le ciel. Le nomadisme est une recherche de ce qui peut et doit nous enrichir; le nomade se laisse imprégner de ce qu'il l'entoure pour en faire sien.
Dans un voyage, un expérimente toutes ces facettes. Il est que "
voyager forge la jeunesse" mais surtout
voyager rajeunit un être. Le mouvement qu'engendre le voyage est un repositionnement de soi-même dans un Environnement.
- Le retour n'est pas la fin du voyage -
Être sédentaire implique un retour vers notre adresse. Nostalgique, heureux, déçu ... les émotions et sentiments sont nombreux lorsqu'on quitte ces lieux dont on rêvait. Et l'on pense à notre "chez soi" qui attend et qui nous avait manqué à certains instants; puis le quotidien nous rattrape, nous sommes sédentaires après tout !
Mais que reste-t-il du voyage ? Le souvenir. Alors on procède à un tri; on cherche ce qui nous a marqué: les rencontres, les lieux ... les photos, les souvenirs achetés sont des moyens pour enrichir la mémoire du voyage. On constate très vite à quel point ce voyage nous a forgé, laissé une empreinte. Et l'on se revoit là-bas: aventurier en quête d'histoire, nomade en chemin de foi.
Voyager. Un mot qui, quand on y goûte, est plein de rêves, d'espoir et d'envie. Le voyage est une fuite du quotidien qui nous marque à vie. A notre retour, les valises défaites, on ne tarde pas à ressortir nos cartes et à poser le doigt quelque part.
Article inspiré par La Théorie du Voyage de Michel Onfray