Le réchauffement climatique traduit entre autres par une érosion de la banquise synonyme de dégradation perpétuelle de leur habitat. Les ours polaires
sont en conséquence en très grande difficulté, comme évoqué à plusieurs
reprises par de nombreuses colonnes, et parfois amenés à repousser leurs
limites. Ainsi le cas dramatique de cette femelle qui, en début d’année,
avait nagé neuf jours de rang sans interruption et parcouru près de
sept cents kilomètres à la recherche de nourriture. Révélatrice des
redoutables capacités de nageur de l’espèce mais aussi de l’ampleur de
la fonte des glaces, la prouesse lui a cependant coûté son petit et accessoirement 22 % de sa masse graisseuse.
Une étude rédigée conjointement par l’
US Geological Survey (USGS) et le
WWF
est parue cet été a apporté un nouvel éclairage sur les difficultés
actuelles des plantigrades. Des colliers GPS fixés sur soixante-huit
femelles et des images satellites ont permis aux chercheurs de les
suivre à la trace entre 2004 et 2009. Les premiers résultats de leurs
travaux sont pour le moins inquiétants, vingt individus ayant dû, à
cinquante reprises, parcourir des distances de plus de cinquante
kilomètres entre les mois de juillet et d’octobre des années étudiées,
au cours d’une période où les glaces se font de plus en plus rares. Sur
onze femelles ayant nagé de longues distances avec leur progéniture, il
s’est par ailleurs avéré que cinq d’entre elles n’ont pas survécu, soit
une mortalité énorme de 45 %.
N’allant pas de pair avec la disparition des velléités
d’accouplement, la diminution des stocks a sans doute contribué en
partie à l’apparition d’une espèce hybride, croisement entre un ours
polaire et un grizzly. Une bizarrerie découverte en 2006, jusqu’ici
orpheline et qui pourrait également s’expliquer par l’affaiblissement de
la banquise, laquelle tend à anéantir les obstacles qui
« protégeaient » les espèces marines des appétences de leurs homologues
terrestres, sachant que des spécimens de marsouins « mixtes » et de
narval-bélugas ont aussi été mis au jour et qu’une équipe de spécialistes du
National Marine Mammal Laboratory dirigée
par l’écologiste
Brendan Kelly a estimé à trente-quatre le nombre
d’hybridations possibles. Or, répétons-le, certaines espèces de
mammifères marins ayant élu domicile dans le Grand Nord sont déjà en
péril.
« Ce métissage pourrait être la goutte d’eau qui fera déborder le vase », redoute
M. Kelly.
Subsiste tout de même une petite lueur d’espoir concernant les
plantigrades, Ottawa ayant officiellement reconnu il y a quelques jours
la gravité des menaces qui pèsent sur les ours polaires (qui sont
environ quinze mille au Canada). Ceux-ci – voués à l’extinction d’ici la
fin du siècle aux dires de certains scientifiques – devraient faire
l’objet d’une nouvelle législation destinée à renforcer leur protection.
Ils en ont grandement et urgemment besoin.
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